Zendel ou l'éclat secret du monde

Après la période des années 30, relativement classique mais nimbée d'une atmosphère étrange, Zendel va créer une peinture qui n'appartient qu'à lui. Et partout, des espaces lumineux d'une verte campagne au havre feutré d'une demeure singulière, des feux chatoyants du cirque aux estuaires de l'imaginaire, la peinture de Zendel nous livre l'éclat secret du monde. Une radieuse sérénité y habite les thèmes les plus simples en de savantes compositions dont l'aplomb un peu théâtral s'impose tout de suite au regard, et où on ne sait par quel prodige un épais graphisme fait fi de toute pesanteur.

Des compositions qui doivent peut-être autant leur franche autorité à l'architecture qu'à la peinture dans le sens où elles ne fluctuent pas davantage que le plan d'un sanctuaire roman. Elles naissent pourtant d'un regard multiplié qui, oubliant nos limitations physiologiques, se pose partout où il veut bien se poser, fut-ce dans les méandres d'un onirisme enchanteur. Puis à partir des années cinquante, les pigments s'enhardissent, s'animant de reliefs et de brillances que la photographie est impuissante à restituer: est-ce là le travail d'un peintre ou celui d'un joaillier? Chaque toile n'est alors que le dernier état d'une longue évolution géologique, d'une patiente superposition sédimentaire d'où émergent toujours de précieuses réminiscences.

Michèle Franceschi
nièce de l'artiste.